Un ensemble manuscrit partiellement sauvegardé
Sur les trois documents attestés par les anciens écrits, seuls subsistent le n°1 intitulé Ornithologie et le n°2 : Histoire naturelle du pays. Le n°4 : Flore, ainsi que le probable herbier ont disparu. C’est le propre cousin de Ducourrau, Jules Moussempès, pharmacien à Biarritz qui a sauvé ces documents, ce qui permettra à son petit-fils Félix de les donner au Musée basque de Bayonne. Jules a numéroté les documents, ainsi qu’un bel ouvrage de botanique, le Theatrum Florae, publié en 1633.
Grâce à un article de Wenworth Webster (1828-1907), savant ethnologue basquisant habitant à Sare, on sait que Ducourrau possédait une belle bibliothèque “installée tant bien que mal dans un pavillon attenant à la villa Nancy, près de la vieille église de Biarritz” (il s’agit sûrement de Ste Eugénie). Il lui acheta un certain nombre de documents de linguistique et de philosophie, domaines dans lesquels notre homme investiguait aussi, témoignant par là de son attachement aux dialectes occitans. Webster ajoute : “Pierre Ducourrau fut un vrai collectionneur ; il avait du goût et de l’enthousiasme, et ses habitudes de naturaliste l’ont servi dans l’étude de son dialecte maternel".
Les Moussempès furent une lignée importante de Biarritz, dont une partie de la fortune fut réalisée autour de la tuilerie sise au quartier nommé plus tard La Négresse. Ils possédèrent aussi la maison où fut logée la Reine Nathalie de Serbie. Lorsque Ducourrau mourut, Jules Moussempès, qui le connaissait bien et dont la pharmacie se trouvait à proximité immédiate (au 19 rue Mazagran et Place Ste Eugénie), dut s’enquérir auprès de sa famille du devenir des documents accumulés. Hélas, comme nous l’apprend le texte publié par Peter Barr (in The Gardener’s chronicle, p. 311, mars 1888), membre de la Société botanique de Londres, après une visite qu’il fit à Jules Moussempès, beaucoup fut jeté ou brûlé par ses héritiers.
L’herbier et le volume sur les plantes ont donc disparu semble-t-il à une date postérieure car Peter Barr, qui avait vu l’ensemble des documents récupérés, en donne une description dans son article. Le volume qu’il vit était entièrement dévolu au monde végétal à la fois par le dessin et sans doute par quelques plantes séchées elles-mêmes. Il parle de milliers de dessins.
Il est méritoire que ces documents aient pu arriver jusqu’à nous, après avoir été conservés dans la famille Moussempès au fil de trois générations. Le fait qu’ils aient été légués au Musée basque de Bayonne en 1949 et non à une entité plus naturaliste est sans doute lié au fait que le Museum d'histoire naturelle de Bayonne était inactif à cette époque.