Un naturaliste aux références locales
Après un bref enseignement des mathématiques vers l’âge de 18 ans, il partit à Paris pour y travailler dans le commerce. En 1844, ayant épousé la nièce d’un professeur de botanique à l’Ecole de médecine de Nancy, il s’établit dans cette ville où il fonde sa propre maison de commerce. Faut-il voir dans cette alliance familiale la stimulation d’un intérêt pour ce que l’on nommait alors l’histoire naturelle ?
Le voici donc de retour à Biarritz, à l’âge de 55 ans, disposant d’un temps qu’il consacra partiellement à une activité de collecte naturaliste. On sait par les articles publiés à l’époque qu’il constitua dans le laps de temps indiqué : “trois volumineux cahiers de notes manuscrites qui sont une réelle iconographie des animaux petits et grands, vivants ou fossiles, terrestres ou marins, des coquilles, des insectes, des plantes et des arbres qui se trouvent dans la région du Sud-ouest, et principalement aux environs de Biarritz”, résultat donc de 9 années de collecte, de dessins et d’écriture (1865-1874).
Il bénéficia dans la région de la présence, des écrits et de l’aide de naturalistes actifs, dont l’œuvre nous est connue par leurs écrits ou les collections qui sont arrivées jusqu’à nous. Citons en particulier Ulysse Darracq, fondateur du premier Musée d’histoire naturelle de Bayonne, vers 1856, où il déposa ses collections personnelles d’histoire naturelle. Dès 1836, puis surtout en 1846, trois de ses notices importantes furent publiées à la fin du volume consacré par F. Morel à : Bayonne, vues historiques et descriptives. Il s’agit de : Notice sur la flore des environs de Bayonne, p. 449-493 - Notice méthodique sur quelques poissons des eaux douces et salées des environs de Bayonne, p. 495-510 - Extrait du catalogue des oiseaux du département des Landes et des Pyrénées occidentales, p.511-517.
On peut lire dans le Bulletin de la Société botanique de France, retraçant les travaux de la Session extraordinaire à Bayonne en 1880, de nombreux renseignements sur le Museum de la ville. Ils permettent de se rendre compte de la documentation exceptionnelle à disposition des naturalistes des environs. Biarritz, en effet à cette époque était une petite bourgade assez peu tournée vers des préoccupations scientifiques. Le Museum de Bayonne occupait quatre salles au deuxième étage de la mairie de la ville, à côté de la bibliothèque, ouverte le 1er mai 1851 et dont les 821 ouvrages initiaux occupaient cinq salles contiguës aux précédentes. Il y avait beaucoup d’ouvrages de botanique, dont ceux de Thore (Chloris du département des Landes), de Lapeyrouse (Histoire des plantes des Pyrénées) et les écrits de Darracq. L’herbier de Darracq contenait plus de 4000 espèces de la région et de toute l’Europe, faisant de cet ensemble un élément de référence et de détermination des plantes, utilisable par les botanistes locaux, dont Ducourrau. L’ornithologie était particulièrement bien représentée par les collections de Darracq, lesquelles furent complétées à la disparition de ce dernier par son successeur Léon Hiriart. Darracq avait publié en 1836, à Bordeaux, un Catalogue des oiseaux du département des Landes et des Pyrénées occidentales, dont un simple extrait fut publié la même année par Morel dans l’ouvrage cité plus haut.