Peter Barr, Foreign correspondence. Biarritz - Gardener's chronicle, 10 mars 1888.
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J’ai quitté Londres, une épaisse couche de neige sur le sol, et ce fût quasiment le cas tout le long de la ligne jusqu’à Paris, qui était aussi enneigée. A Bordeaux la couche de neige était épaisse ; à Arcachon, depuis le haut de l’observatoire, on pouvait voir de la neige sur tout le quartier. Dax était plus favorisée : il y en avait un peu ici et là et elle avait disparu le matin. Savoir si le printemps chaud (158° Fahr. ) avait quelque chose à voir avec cette rapide disparition de la neige fût une question pour moi, alors que je parcourais une bonne distance dans la campagne et que je n’en voyais pas. Rapidement après avoir quitté Dax il y avait plus ou moins de neige, et à Bayonne on avait une plutôt bonne représentation de l’hiver écossais. Cela continua jusque dans la matinée, quand le vent changea, une petite pluie tomba et l’atmosphère, qui était très froide, devint relativement douce et la neige à Bayonne et Biarritz commença à disparaître, et si le dégel continue je pourrais partir jeudi ou vendredi et arriver à la frontière espagnole. En attendant, j’ai été à la recherche d’autres objets et parmi eux, à l’étude du Marquis de Folin, j’ai découvert le bathysiphons qu’il a pêché dans les profondeurs salées, à 600m de fond. J’ai ensuite été au magasin de Mr. J. Moussempes, pharmacien à Biarritz, qui a placé devant moi trois livres manuscrits de son cousin Pierre Thomas Ducourrau et qui sont pour moi de pures merveilles. Je recommanderais à tous ceux qui sont intéressés par la littérature et qui visitent Biarritz d’appeler et de voir ces livres. Je n’ose me risquer à les décrire, car il me serait impossible de leur rendre justice ; il suffit de dire que c’est une des plus grandes démonstrations de talent et de travail que je n’ai jamais rencontré. Le premier volume est consacré aux illustrations du règne végétal, de parfaits dessins, avec des plantes attentivement et minutieusement disséquées. Rien n’est oublié, et celles-ci sont entassées par milliers sur des pages comme si l’artiste avait souhaité tout compresser sur la plus petite étendue sans rien réduire. J’ai tourné feuille après feuille et plus j’avançais plus grand fût mon étonnement. Le livre que j’ai examiné ensuite comprenait des oiseaux, réalisés avec la même minutie ; et le troisième volume était consacré aux poissons, décrits avec le même talent et la même rigueur dans le détail - tout avait l’air d’avoir été fait d’après nature, les couleurs avaient été réalisées par la fille. Après examen, j’ai demandé à Mr. Moussempes si son cousin avait une autre activité, et il répondit qu’il avait dévoué sa vie entière à ces sujets. « Où est son herbier des plantes ? » demandais-je, « Jeté avec les ordures » répondit-il. « Et les livres auraient suivi le même chemin si je ne les avais pas sécurisés, et je souhaiterai, en l’honneur de mon cousin disparu, que le monde ait connaissance de ces oeuvres ainsi que de l’homme qui les a produites. J’ai son portrait ici voyez-vous, et j’espère qu’un journal pourra donner un compte-rendu de ses travaux et de sa vie. » A ce moment-là, Mr. Moussempes disparu quelques minutes, et quand il réapparut d’un renfoncement derrière son magasin, j’observai qu’il était couvert de poussière. Il tenait une poignée de feuilles tâchées par le temps et d’apparence moisie avec une couverture molle ; il plaça ceci devant moi en disant, « Vous pourriez aimer voir ceci », et, en effet, j’appréciais, car c’était Theatrum Florum, que je voyais pour la première fois, et j’étais profondément intéressé par cet ancien volume, publié cinq ans après notre Paradisus de Parkinson. « Le vendrait-il ? » demandais-je. « Non ! Je ne vendrai aucun de ces livres. »
Peter Barr, 28 février.