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Un thésauriseur plus qu’un chercheur naturaliste.

Que peut-on retenir de cet homme, tel que l’on peut l’appréhender d’après les documents parvenus jusqu’à nous. A l’évidence sa grande activité ne concernait pas que l’histoire naturelle. L’article de Wentworth Webster nous indique une activité foisonnante dans le recueil d’une documentation de type philologique et linguistique dans le domaine occitan, sans que Ducourrau y fît oeuvre novatrice. Là aussi il laissa “un grand in-octavo de 300 pages interfoliées”, c’est-à-dire truffées de notations et documents. Cette partie de ses travaux, dispersée, a semble-t-il disparu.

Cet homme n’hésitait pas à prendre contact avec les personnes compétentes en histoire naturelle et à consulter les documentations disponibles. Rappelons qu’à cette époque les disponibilités de ce type à Bayonne étaient conséquentes. Nous avons cité plus haut le Museum d’histoire naturelle de Bayonne - dont hélas plus tard un incendie allait détruire beaucoup de collections - avec Ulysse Darracq. Thore (1762-1823), puis surtout Léon Dufour (1780-1865), à partir des Landes, explorèrent aussi les Pyrénées et la côte. Les publications de la Société de Borda à Dax, la Société linnéenne de Bordeaux consignaient beaucoup de données naturalistes. A Biarritz même, dès 18 avril 1883, le Marquis de Folin, océanographe et malacologiste distingué proposa la création d’un Centre scientifique, lequel devait suivre la création du Musée de la mer en 1933.

L’époque était encore à l’établissement des listes faunistiques et floristiques des diverses régions, et à la constitution de collections de référence. Ainsi furent rassemblés, avant 1880 à Bayonne, les herbiers Darracq, Blanchet, Richter. Ducourrau ne manqua donc pas de documentation à proximité de sa maison biarrote.

A côté de cette sociabilité naturaliste, Ducourrau bénéfica aussi de relations sans doute importantes avec la gentry de la ville de Biarritz. A ce titre, les Moussempès eurent sans doute une place essentielle puisque c’est au dernier que nous devons la conservation des documents ici étudiés.

Ce cadre général étant défini, il serait intéressant de se pencher, au fil des pages, sur les diverses notations consignées sur les fiches documentaires rassemblées pour en tirer des faits précis dans divers domaines : sociologiques, climatiques, comportementaux, etc... On pourrait illustrer ainsi, à partir de faits ponctuels nouveaux, la vie coutumière des habitants aisés du Biarritz de cette époque, précédant ce que l’on allait nommer ensuite La belle époque.

Claude Dendaletche